L'après-midi commençait à peine en cette douce journée. Une fine couche de neige recouvrait le village caché de la Brume, tandis que le soleil peinait à être visible à cause des nombreux nuages. Mais la météo n'était pas la préoccupation première d'Hakujou, qui avait été convoqué par son Patriarche. Et une convocation du chef de famille ne pouvait être ignorée. Ainsi donc, l'adolescent se rendit dans la salle de réception où l'attendait son supérieur hiérarchique. L'immense pièce était rectangulaire. Plusieurs piliers allaient de l'entrée de la pièce jusqu'à un large fauteuil en bois sculpté. Azazel était assit dessus, plusieurs hommes d'armes se tenant droit entre chaque pilier.

L'oncle d'Hakujou portait un kimono rouge et noir, contrastant parfaitement avec sa chevelure blanche. Le garnement et son ainé se fixèrent du regard, tandis que le plus jeune s'avançait, se stoppant à environ deux mètres, là où une série d'escaliers menait jusqu'au trône. L'Hôte du Démon de Chakra s'inclina légèrement, avant qu'Azazel ne prenne la parole :



Les coutumes des Bachiatari étaient d'une complexité sans nom. Bien que le père du jeune réceptacle était Jinchuuriki de son vivant, il n'avait dû cet honneur qu'à une prise de pouvoir de son frère lors de la mort de l'ancien chef, qui n'avait laissé aucun héritier. Le système de succession au sein du Clan, bien qu'élaboré, pouvait facilement donner des mal de crâne à bien des gens.



Il avait été promis à Aya ? Le fait d'être traiter comme un vulgaire objet dans une transaction énerva le jeune homme, qui n'en montra rien. Il se devait de faire bonne figure face à son chef, et en bon ninja, se devait d'obéir aux ordres sans se plaindre. Bien qu'il était habitué à être utiliser comme une arme, il ne s'attendait pas à être .. Marier de force.



Un heure s'écoula..

Hakujou, en compagnie d'Azazel et de deux hommes d'armes se trouvaient face à l'entrée du domaine appartenant aux Kaori. Après une courte discussion avec les personnes postées là, le petit groupe entra dans la demeure et fut conduit par une femme d'une grande beauté jusqu'à ce qui devait être le salon de réception. Le dirigeant des Bachiatari entra en premier, le Jinchuuriki à sa droite, tandis que les deux soldats fermaient la marche. Balayant la pièce du regard, ses yeux se stoppèrent lorsqu'ils trouvèrent Aya, près d'une vieille femme. Il devait sans doute s'agir de la Matriarche actuelle. Quelques modalités furent échangés entre les deux chefs de famille, tandis que le Juunin ne quittait pas sa promise des yeux. Que pouvait-elle penser de tout cela ? Était-elle résolue à faire son devoir, ou doutait-elle comme lors de leur rencontre ? Mais alors qu'il réfléchissait, il sentit un homme de main d'Azazel le pousser légèrement dans le dos, pour lui indiquer qu'il devait s'avancer. Ce qu'il fit donc, se plaçant au niveau de ce dernier.



L'adolescent reporta son regard sur son ' amie ', puis sur la grand-mère de celle-ci. Il attendait sa réponse, se demandant s'il allait disposer d'un moment en privé avec Aya, ou si l'étrange cérémonie allait se terminer par un départ des Bachiatari lorsque la réponse serait connue. Mais la vieille dame avait l'air hésitante. Peut être pensait-elle qu'Hakujou risquait de maltraiter sa petite-fille ?

La situation était pesante, et semblait bloqué, malgré les paroles du jeune homme pour rassurer la Matriarche. Cette dernière observait ses invités, pesant certainement encore le pour et le contre d'une alliance avec les Bachiatari. Car lorsqu'on se prétends amis avec cette famille, mieux vaut ne pas courir le risque de manquer à sa parole, sous peine d'une violente vendetta. Toutefois, la vieille dame prit assez vite la parole, pour briser ce silence.



Azazel tourna légèrement la tête, et échangea un regard avec son neveu, lui indiquant qu'il pouvait y aller. Le Jinchuuriki attendit que sa promise s'avance vers lui pour lui montrer le chemin à suivre. Lui emboitant le pas, ils se retrouvèrent en extérieur, Aya renvoyant les gardes dans la salle d'audience afin d'être plus ou moins tranquille. Mais alors qu'Hakujou pensait qu'ils allaient entamer une conversation ici, la demoiselle continua à marcher sur une petite distance, dans une partie du jardin un peu plus à l'abri des regards.



Son interlocutrice lui faisait face, et sa voix ne donna pas l'impression au Shinobi qu'elle avait accepté son nouveau rôle au fond d'elle même. Mais comment lui reprocher ? Une kunoichi était formée pour ce sorte de dilemme, mais la théorie et la pratique sont deux choses très différentes. Il se demandait ce qu'il devait faire à cet instant, tout en songeant à ce qui se passait à côté. Quelques petits flocons vinrent se poser sur la longue veste blanche que portait l'Hôte par-dessus son kimono, semblable à celui qu'il portait lors de sa première rencontre avec son ' amie '. Le contact froid avec la neige l'apaisa, aussi leva t-il les mains au niveau de son torse, et les ouvrit de manière à ce que des flocons tombent dessus tout en levant les yeux vers le ciel.



En effet, le devoir était bel et bien le même que lorsqu'ils s'étaient rencontrés. Ils allaient devoir s'offrir l'un à l'autre afin d'assurer la pérennité entre leurs familles respectives. Bien entendu, il ne s'agissait là que d'une expression, Hakujou ne s'attendant pas à ce qu'on lui en demande plus à ce niveau là avant plusieurs années. Un mariage pour un garnement adorant la solitude, il s'agissait en soi d'une épreuve particulièrement rude.

S'il se souciait qu'une personne ne puisse le supporter ? En effet, Hakujou s'en contre-foutait royalement, à tel point que cela énervait généralement encore plus les dites personnes. Mais savoir que cela dérangeait réellement le chien chien d'Aya était une information en or. Le Jinchuuriki allait sans doute passer très régulièrement voir sa fiancée, rien que pour le bonheur que lui procurera de voir la tête du Mitsuki se déformer sous la rage de ne pouvoir l'expulser. Malheureusement, se devant d'être irréprochable jusqu'au mariage, il ne pourrait ouvertement lui faire face, mais la partie n'était que remise.



Leur précédente conversation, qui avait tourné autour du devoir, avait été intéressante, bien que l'Hôte du Démon à Queues n'avait guère l'habitude d'une vision des choses similaire à celle de sa future compagne. Mais ils avaient à plusieurs reprises étaient interrompus, raccourcissant leur entrevue, alors que le Bachiatari se montrait pour une fois concerné par la discussion. Qu'importait cela, pouvoir prétendre connaitre réellement le jeune homme était une tâche difficile, pour ne pas dire impossible, lui qui était si compliqué.



La demoiselle ne sembla pas pour autant découragée, enchainant presque instantanément avec une demande tout aussi particulière que ses précédentes. Comme quoi, elle ne savait pas dans quoi elle se lançait !



Que pouvait-il bien lui dire ? Qu'il avait été formé pour ne voir que pour le Clan, par le Clan ? Que son unique désir était de voir sa famille prospéré, même s'il devait pour cela massacrer toute la population de ce pays ? Non, il ne pouvait pas dire ces choses là. Il ne pouvait prétendre se connaitre lui-même, lui qui ne cherchait qu'à élevé la position des siens, à son détriment. Il faisait parti de ces Shinobis dont le monde ignore tout, mais qui pourtant, sont plus méritants que beaucoup par leurs sacrifices.

Baissant lentement les bras, il saisit la corde maintenant son katana dans son dos, et la fit passer au-dessus de sa tête, de manière à pouvoir prendre son arme en main. Il maintenait ce symbole de son rang social parmi les Bachiatari à hauteur de ses abdominaux, une main entourant le fourreau à quelques centimètres du manche, tandis que d'un rapide coup de manche de sa main disponible, il effaça la neige présente au niveau de la pointe de l'arme.

La Matriarche actuelle n'était donc qu'une intendante. Azazel n'avait pas prévenu l'Hôte du Démon à Queues de ce petit détail. Une chose pouvant paraitre insignifiant, mais pouvant changer bien des choses. Mais pourquoi donc cette vieille femme dirigeait-elle les Kaori à la place des parents d'Aya ? L'évènement dont avait parlé cette dernière avait-il un lien avec cette prise de pouvoir ? Au sein des familles nobles, il n'y avait que deux choses pouvant mener à ce genre de situation. La mort des dirigeants, ou leurs exils, volontaire ou non. Alors qu'en était-il pour les ascendants de la future épouse du Bachiatari ?



Les mots étaient une chose, les actes, une autre. Si les Bachiatari désiraient vraiment duper leurs homologues, Aya agirait-elle réellement ? Hakujou en doutait. Elle semblait plus sûr d'elle que lors de leur précédente rencontre, mais elle n'était pas pour autant encore prête à ce genre de décision. Du moins, pas d'après sa gestuelle. Ses paroles étaient dures, menaçantes, tandis que son regard était tout autre. Néanmoins, les utilisateurs du Hyoton ne comptaient pas trahir leur engagement, loin de là.



A peine eut-il fermé la bouche, que sa compagne reprit la parole, enchainant avec une nouvelle question.





Car jamais le Jinchuuriki ne prendrait le risque d'offenser sa promise. Le risque de voir le mariage annulé était trop grand, et cette union était bien trop importante pour que l'adolescent ne laisse son caractère de cochon prendre le dessus.

Mitsuki.. Cet enfoiré de chien-chien avait fait éruption, brisant le court moment d'intimité que partageaient les deux jeunes ninjas. Le visage colérique du valet des Kaori était ridicule, comme s'il s'agissait là de la première fois. L'emprise d'Hakujou sur le manche de son katana se resserra, luttant mentalement pour ne pas embrocher l'insolent qui lui faisait face. Mais alors qu'il contenait à grande peine ses pulsions, l'homme prit la parole à l'intention de sa protégée.



Mieux accompagné ? Cet abruti savait-il qu'une délégation regroupant l'élite des Bachiatari était encore dans le domaine, et qu'importe qu'Aya soit dedans ou dehors, car elle allait se retrouver en compagnie d'utilisateurs du Hyoton ? Pour l'adolescent, l'aversion dont faisait preuve Mitsuki à son égard n'était autre que de la jalousie pure et dure. Un gamin possédant un don héréditaire, et maitrisant un Monstre de Chakra, cela pouvait facilement taper sur le système de bien du monde.



Et toc, dans sa gueule de tortionnaire du côté obscure de la sexualité ! La promise de l'Hôte avait remis à sa place son garde du corps, mais ce dernier ne semblait pas vouloir se calmer. Le Juunin l'aurait bien enfilé au bout de son épée, mais son interlocuteur risquerait d'aimer ça. (Owh, le cochon.).



Mitsuki avait dépassé les bornes cette fois-ci. Ne réfléchissant pas à ce que ses actes pourraient coûter au Clan, le Bachiatari utilisa la vitesse du Shunshin pour se retrouver à quelques centimètres de son adversaire. Il releva son arme, assénant un puissant coup avec le manche de son katana dans l'estomac du Kaori. Dans un même temps, il utilisa son pied pour frapper violemment l'homme à l'arrière de la jambe, le forçant ainsi à se mettre à genoux, pour finalement écraser le plat de son arme sur le nez du servant d'Aya. Gardant son katana, toujours dans son fourreau, à la main, il recula et regarda son amie.



Ainsi, le Jinchuuriki rejoignit sa future épouse, tout en remettant son sabre dans son dos, à sa place d'origine. Il l'a regarda dans les yeux, en espérant réussir à y voir ce qu'elle pensait de ce petit désaccord entre son fiancé et son valet. Mais non content de s'être fait allongé une première fois, l'homme remua de manière à se relever.