-Passer un cap, répondit-il.
En effet, un cap. La première mission du jeune Obake. Sous le regard de son maître, de son père, il allait punir un déviant. L'histoire était destinée à se répéter pensait Sanzoku, celle d'Obake ressemblant trop à la sienne. Lui aussi avait fait sa première mission sous l'oeil de son père adoptif alors qu'il n'était qu'un adolescent. Un jeunot confronté très tôt à la violence et au sang. Il en aurait voulus a son père s'il n'avait pas été endoctriné dès la naissance. En un sens c'était de la barbarie, un meurtre : l'assassinat sauvage de l’innocence enfantine. Et dire que les soldats des daimyos étaient confrontés bien plus tôt à cette violence. Cela posait la question de qui était véritablement le criminel.
Mais arrêtons là de déblatérer des lieux communs et autres éléments de background.
Les deux yakuzas avançaient dans les rues de la capitale de Kawa No Kuni d'un pas unique. Être yakuza ce n'étais pas un "métier", mais un mode de vie. Les yakuzas incarnaient, avec les samouraïs, la dernière gouttes d'honneur dans l'océan qu'était la société. Ils étaient orgueilleux et fier, de leurs valeurs, de leurs existences, de leurs supériorité, de leur rôle. Les passants et les badauds se retournaient à leur passage. Tous les connaissaient, même s'ils ne les avaient jamais vus il reconnaissaient leurs démarches et savaient à qui ils avaient affaire.
Les réactions étaient diverses, mélangées pourraient on dire. Admiration et dégoût. Admiration pour cet oyabun qui protégeait le pays, ce héros de la seconde grande guerre. Dégoût pour le gamin qu'on prenait pour un monstre, qui, selon la rumeur, avait massacré son village dans un excès de rage meurtrière.
Ils arrivèrent finalement devant la porte d'une maison de charme. Un bordel si vous préférez.
-Laisse-moi parler et fais ce que je te dis Obake.
Lorsqu'ils entrèrent un homme vint les accueillir. C'était un membre du clan qui avait pour mission de géré cet établissement. Un shatei, peu puissant mais assez dissuasif pour éviter que les clients maltraitent les filles. Il allait ouvrir la bouche mais le Shogun l'en empêcha.
-Tu peux m'expliquer ce que tu fais Taïshi ?
-Maî ... maître ? Que voulez vous dire ?
-Tu sais très bien que le clan Ryu interdit la vente de drogue. Et tu connais la sentence pour ceux qui enfreignent cette loi.
-Et vous allez me la donner ?
Sanzo se tourna vers Obake.
-Ses bras, ses jambes. Il ne doit plus pouvoir s'en servir. Et évite d'abîmer les locaux.