Il se situait là, en haut d’une dune, face aux portes fermées du village de Suna. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il avait perdu son sourire habituel, qui était désormais remplacé par un visage désormais grave, et on ne peut plus sérieux. Sa respiration, entrecoupée, battait au rythme du vent frais que le désert de Suna lui offrait, en tout début de matinée, juste avant que le soleil ne se couche. Du sable à perte de vue, de quoi saper un moral pour le reste d'une journée. L’aube, le lever du soleil, se transformait alors en ténèbres glacés, assombrissant un beau pays de par ses ténèbres, auxquelles se mêlent un requiem de grains de sable, qui, dans une danse harmonieuse rythmée par le chant long et aigu de la brise matutinale, heurtaient de plein fouet le visage de Toshishiro, de quoi l’obliger à cligner plus souvent des yeux que d’habitude. Cet air grave, il avait bien évidemment lieu d’être, et une signification tout à fait singulière.


13 ans. C’est le temps depuis lequel il n’avait pas remis les pieds sur ses terres natales. Ses racines avaient été ancrées dans un village en plein milieu de ce beau désert, et Toshi était alors un arbre, déraciné de son plein gré, et replanté dans un autre pays. Mais tout espèce animale, l’homme y compris, ressent cette chose, ce sentiment étrange et inexplicable, en se retrouvant face à son lieu de naissance. Pour sûr, dans le cas propre du Yakuza, on ne pourrait pas réellement parler de « nostalgie », car ce n’était absolument pas le cas. Si le village lui avait manqué, ne serait-ce qu’un instant, il y serait retourné de son plein gré, et se serait imposé devant l’actuel Kazekage. Mais alors, qu’est ce qui aurait réellement pu pousser Toshi à retourner au village de son enfance ?


La réponse était tout aussi simple que stupide, l’un de ses hommes qui tenait une branche de son réseau de prostitution au pays du vent ne donnant plus de nouvelle, il décida de se rendre en personne voir ce qui se tramait là-bas, afin de châtier celui qui ne payait pas sa cotisation mensuelle à l’Oyabun, ou bien châtier celui qui aura démantelé le réseau du pays du vent, qui rapportait tout de même gros. Vicelards, les Sunajins. En même temps, connaissant leur actuel Kage, cela n’étonnait pas Toshi, elle avait sûrement dû devenir féministe, au vu des évènements précédant le départ de son ex-compagnon, et avec une tête féministe au pouvoir, assouvir tout besoin charnel dans la légalité relevait de l’impossible. Ah, Hoshizora. Il n’y a pas à dire, cette femme était réellement particulière, tant au niveau caractériel que physique, et ce n’est pas le Yakuza qui dira le contraire. Plus que d’être jolie, elle a subi pendant 6 années la tyrannie de son ex-compagnon, et sa rancœur devait être amère. Très amère. Et pour sûr, au cas où elle avait appris qu’il était en plus le bourreau de son père, sa rage devait être meurtrière. Quoique, en réfléchissant, la haine envers Toshishiro ayant causé la perte du précédent Kazekage, il aurait été étonnant que les hautes instances de Suna aient révélé à Hoshizora qui était l’assassin de Shibien, de peur que l’exploit du chef du clan Oni se réitère.


C’est donc ces pensées, à la fois divagantes et sérieuses, qui intensifiaient l’air sérieux et sévère de Toshishiro Ishikawa. L’intégralité de son histoire se situait là, devant ses yeux. De la dune où il se trouvait, il apercevait une bonne partie du village de Suna. L’académie où il avait brillé dans une arrogance inégalée, la tour du Kazekage, auquel il avait causé de nombreuses crises d’énervement, de par son manque de coopération et de patriotisme, le cimetière où étaient enterrés ses deux parents, les seules personnes qui lui restaient, les seules personnes à sa connaissance avec lesquelles il avait un lien de sang. Sa désertion avait d’ailleurs causé définitivement la perte du nom « Ishikawa » aux registres du pays du vent. Lui s’en moquait, à vrai dire, et sa vie actuelle lui procurait beaucoup plus de plaisir. Il avait vécu une enfance trop ordinaire, et un rythme de vie trop monotone pour le regretter, désormais.


Décidant de scruter le village d’un peu plus prêt, au risque de croiser un garde Juunin, il entreprit de dévaler lentement la dune de sable, en prenant garde à ne pas glisser. Il était très tôt, et le village était encore endormi, et sombré dans les ténèbres de la nuit glacée qu’offrait le désert alentour. Le soleil n’allait pas tarder à se lever, et à ce moment-là, il partirait en direction d’un canton plus au nord, là où était censé se situer le QG du réseau du clan Oni. Vous vous en doutez, cependant, les choses ne se passerons pas si simplement. Alors qu’il descendait tranquillement de sa colline de sable, une silhouette sombre se dessina au pied de celle-ci, à cependant un bon demi-kilomètre du village. Curieux, il se dirigea vers cette forme. Il était trop tôt pour que ce soit un mirage, ces derniers n’apparaissant que lors d’un fort soleil. Toshi le savait, par expérience. Au fur et à mesure de sa descente, les formes devenaient plus nettes, plus marquées, jusqu’à devenir familières. Enfin, quand il se situait à environ 20 mètres, le doute n’était plus possible. Extrêmement surpris face à cette personne qui lui était familière, un sourire en coin, non pas hautain cette fois-ci, marqua son visage grave.


- Et bien ça, pour une surprise ! Malgré tout ce temps, tu n’as pas changé, décidément ! Enfin, physiquement, car aux dernières nouvelles, ce n’était pas ton genre de t’aventurer si loin de ton domicile…