Konoha était toujours aussi beau. Un village merveilleux qu’il m’arrivait parfois de l’envier un peu. Le temps était bon par ici, et le relief diversifié de l’endroit faisait vite de m’épater. A la vue de ce village, j’étais comme un gosse devant son premier bandeau shinobi ou son premier Kunai. Une espèce d’excitation complètement indescriptible. Mon sourire en était presque communicatif : Les passants et autres me souriaient, malgré le bandeau shinobi de Kumo que j’arborais à la taille. Il y avait également quelque chose que j’appréciais énormément lorsque j’arrivais au pays du feu : L’hospitalité de ses habitants !

En effet, Konoha était certainement l’un des seuls villages cachés où l’hospitalité était une vertu. Un fait qui contrastait drôlement avec le village caché de la brume, qui devait être sans aucun doute le plus hostile avec ses secrets et sa méfiance. Cela faisait de longues années maintenant que je n’avais pas mis pied au pays de l’eau, mais j’en gardais toujours un très mauvais souvenir, au point d’avoir une idée arrêtée sur les habitants de Kiri. Un village rempli de xénophobes. Tout le contraire même de Konoha, somme toute. Un village qu’on ne faisait plus vraiment. Un village que j’aimais et que je respectais.

La nuit était d’ailleurs tombée sur le village. Finalement, mon voyage n’avait pas été aussi long que je ne l’avais pensé. Vu qu’il y avait un bail que mes pieds n’avaient pas foulé la terre de ce pays respectable, je n’arrivais plus à me souvenir du temps que je faisais pour arriver ici. C’était avec d’autres personnes que je m’étais aventuré jusqu’ici par le passé. Cette expédition en solitaire était une première. Les artères illuminées étaient plutôt belles et rayonnaient de mil feux. J’étais même passé par un marché de nuit plutôt animé, mais je ne m’étais pas arrêté, de peur d’y dépenser comme un femme dans un shopping.

Mon objectif à court terme était de trouver un hôtel ou une petite pension, afin d’y pouvoir me reposer convenablement. Un hôtel avec des sources chaudes ! Cette option était primordiale. Non pas pour y mater les femmes aux gros seins ou aux grosses fesses comme j’en avais l’habitude malgré mon âge avancé, mais bien pour m’y relaxer. Avec le long trajet que j’ai dû me taper sans ne serait-ce qu’une seule pause, il était clair que je ressente actuellement de la fatigue à cette heure. J’avais même quelques courbatures et seule l’idée de pouvoir les soulager dans un bain chaud me faisait encore avancer avec un grand courage.

Mais alors que j’observais chaque édifice et infrastructures en espérant tomber sur un quelconque pensionnat, j’eus l’ouïe d’une belle voix. Une intonation qui vibra dans tout mon être, au point que j’eus un frisson lorsque le vent se leva légèrement. L’espace d’un instant, j’avais été conquis, comme transporté au-delà de notre monde. La phrase en elle-même paraissait folle, mais était d’une très grande beauté ; même si pour tout vous avouer, je pensais autrement. C’est alors qu’en tournant la tête devant moi, je la vis. Cette fille. L’auteur de cette courte phrase. J’eus alors un sourire, avant de saisir délicatement sa main tendue…

- Et si je te disais que j’étais un fou endormi ? Que me conseillerais-tu ?

Loin de lâcher sa main que j’avais délicatement saisi, je m’approchai même de cette jeune inconnu, avant de passer mon bras de libre autour de sa fine taille, et de la blottir contre mon corps musclé et bien bâti. Habituellement, je maitrisais parfaitement mon langage corporel, mais sur le coup, je m’étais complètement laissé transporter par la voix enivrante de la jeune que j’avais contre moi. J’avais tout de suite vu qu’elle avait un quelque chose. Un quelque chose qui me captivait. Il ne s’agissait pas de son physique non, d’autant plus qu’une grande partie de son visage était camouflé par un masque, mais bel et bien autre chose…

- Je suppose aussi que je devrais te lâcher au risque de me prendre un pain, non ?

Mon sourire devint plus malicieux. Je connaissais parfaitement les jeunes d’aujourd’hui. Elles étaient toutes pareilles. Enfin… Presque toutes pareilles… Mis à part ce trait spécial que je ne discernais pas encore, cette adolescente devait être comme ses autres camarades. Sans aucun doute… Notre accolade attira l’attention de quelques personnes qui se mirent à sourire, croyant peut-être à un couple atypique. En même temps, si vous aviez vu la différence de taille entre nous, vous seriez probablement saisis de la même déduction. Bien avant qu’elle ne se détache ou qu’elle ne me tape, je m’étais amusé à lui offrir un baisemain.

Un concept que je ne saisissais pas ? C’était cela, en effet. Cependant, ma question n’avait pas pour but d’avoir une réponse précise, mais d’établir un contact aussi minime soit-il avec cette jeune fille intrigante. Dieu merci, cette approche avait eu du succès pour mon plus grand plaisir. Alors qu’elle avait fini de me répondre et d’agrandir mon sourire par la même occasion, l’une de ses mains vint à caresser doucement mon visage. Cette attention me déconcerta l’espace d’un instant. Pourquoi agissait-elle ainsi ? Une question qu’elle aurait pu également se poser lorsqu’elle avait été prisonnière de mon étreinte, ce pourquoi je fermai ma bouche.

Lorsqu’elle s’extirpa de mon emprise, mon sourire réapparut aussi vite qu’il avait disparu lorsque je m’étais mis à penser. Je ne pipai mot quand elle se remit à me tripatouiller à sa guise. Des gestes qui me laissèrent un peu perplexe. Mais c’est alors que mes yeux se braquèrent pendant un bon moment sur son demi-masque, avant que tout ne paraisse complètement évident ! Cette jeune femme était aveugle ! J’écarquillai mes yeux, non pas à cause de la question qu’elle m’avait posé, mais bien à cause de sa condition de non-voyante. Mon cœur se mit légèrement à saigner. Pourquoi une si jeune femme était-elle victime d’un mal aussi désolant ?

- Et pourquoi un homme de mon envergure ne pourrait-il pas avoir l’envie de voyager ? Konoha reste après tout un très beau village. Aussi beau que Kumo, si je puis me permettre. Avais-je dis d’un ton taquin. Mais d’un autre côté, je venais voir votre hokage, même si je pense qu’il doit être au Gokage à l’heure actuelle.

La fameuse réunion des cinq shinobis les plus puissants en ce moment. Les plus puissants ? Mwouais. Officiellement, c’était exactement ça. Officieusement cependant, il y avait d’autres personnes aussi forts que ces pontes, tels les yakuzas, ou encore les jinchuurikis, comme moi. Si cette jeune fille était effectivement aveugle, ses capacités sensorielles devaient être exceptionnelles. De fait, je comprenais mieux sa dernière question, pour ne pas dire son dernier qualificatif. Cette shinobi ne s’était pas contentée de mon physique, mais elle avait aussi jaugé mon inépuisable réserve de chakra. Elle devait sans doute sentir la bête qui sommeillait en moi…

- Tu sembles ne pas me craindre. En même temps, je suppose que tu n’as de raison d’avoir peur de moi, hm.

Je posai doucement ma grande paluche sur sa tête avant de la caresser. Je n’arrivais pas à voir ses expressions faciales, mais j’aimais bien cette petite. Difficile de dire si c’était réciproque ou non mais bon. Par la suite, mes mains se posèrent sur les joues de ma compagne d’infortune. Immédiatement, j’eus une folle envie : Celle d’ôter son masque. Il fallait avouer que la curiosité me titillait un peu, même si je me retins finalement. Je n’avais pas du tout l’intention de la frustrer ou de m’attirer son animosité. Aussi finis-je par retirer mes mains de son visage, l’air un peu radieux, avant de regarder les alentours. Le ciel devenait sombre, le vent se levait brusquement…

- Il faut que je trouve un toit. Une averse s’annonce… Tu connais une pension dans les environs où je pourrais élire domicile ?